Bilan d’une génération 1980-2010
Le changement de regard sur la « maison paysanne », d’une génération à l’autre, les nouvelles méthodes de datation, l’enseignement de la déconstruction et de la reconstruction. La façon d’approcher la maison reflète l’air du temps. Les recherches voici trois ou quatre décennies étaient centrées sur les rapports d’une communauté et de son territoire. Aujourd’hui, ce sont les différences d’une maison à l’autre qui nous interpellent, comme renseignements sur la place spécifique de l’individu dans une société locale.
Des mots pour dire les structures.
A partir du XIIIe siècle, les textes montrent la maison en train de constituer son autonomie : avec les sablières, remplaçant les poteaux enfoncés dans la terre, elle se sépare du sol, et délimite une sphère exclusivement privée. Sur ce cadre fondateur s’élèvent des poteaux, supports des murs et de la toiture. Les textes décrivent ces systèmes techniques répétitifs. Par la suite, la charpente du toit devient une construction distincte. Les murs de façade peuvent se prêter à une nouvelle gamme de configurations, tandis que le plan intérieur acquiert une souplesse. A travers le vocabulaire ancien, on assiste au passage d’une idée de la maison à une autre.
Le pan de bois, langage de signes
La distribution intérieure de la maison change : des pièces s’agrandissent, d’autres diminuent d’importance. Cela a des effets sur la distribution des pans de bois visibles de l’extérieur. Certains constructeurs s’emploient à masquer ces effets, pour conserver à la maison son image traditionnelle. D’autres optent pour une nouvelle image. On voit se former des groupes de maisons, contenant des modèles très aboutis, et des imitations. Les théories architecturales nouvelles, diffusées par l’imprimerie et les règlements corporatifs, sont connues de nombre de constructeurs, tant artisans qu’habitants.
L’écho d’une très vieille modernité
La conclusion montre les mouvements d’aller-retour entre des modèles de maisons régis par les théories d’harmonie géométrique, et leurs imitations qui ouvrent des voies nouvelles, à leur tour retraduites en modèles parfaits. La maison paysanne dans le Sundgau reflète ainsi le mouvement en balancier de l’innovation, expliquant l’extrême diversité des genres de maison que l’on peut toujours observer en dépit de l’ampleur des destructions pratiquées depuis trente ans.